A la mémoire
des soldats du
215ème régiment d'infanterie d'Albi. |
Les premiers
combats du 215ème RI régiment de réserve d’Albi Le 215ème s’embarque le 14 et 15 août en deux trains à destination de Belfort sous les ordres du Colonel GADEL. Il comptait 2 Bataillons à compagnies et une CHR, au total 35 officiers, 144 sous-officiers, 2074 hommes et 114 chevaux. « En route et à Berlin », c’est par ces mots que les troupiers ont quitté la belle cité Albigeoise. Le 215ème , dans des wagons à 40 hommes, traverse les beaux vignobles du Midi, rencontre les Marocains à Narbonne et remonte la vallée du Rhône. Arrivé à Lyon, il croise un train de blessés venant du front. Les uns couchés paraissent souffrir horriblement, les autres atteints plus légèrement à la tête ou aux membres se tiennent debout à la portière des wagons. Le 16 août, après un voyage de 48 heures, sans arrêt appréciable, le 215ème arrive enfin, à 22 heures, à Belfort. Une heure après, la colonne se met en marche, le 215ème traverse la forteresse de Belfort et prend la route qui conduit à Petit-Croix, première étape de la marche d’approche dans la nuit noire et sous une pluie battante. Le 17 août, le régiment se rassemble à 6 heures pour marcher vers la frontière. Cette marche est plus intéressante car nous traversons la frontière et pénétré en territoire Alsacien. Ça et là gît pêle-mêle, déchiqueté, le poteau frontière Allemand arraché par les troupes qui nous précèdent. Le 18 août, le Colonel GADEL, dans une brève allocution ,dit au Régiment rassemblé sur le bord de la route : « Mes amis, j’ai une grave nouvelle à vous annoncer, demain matin, à l’aube, notre Drapeau recevra le Baptême du feu ». La 66ème Division d’Infanterie de réserve, avec la 131ème Brigade (280ème , 281ème et 296ème Régiment d’Infanterie) et la 132me Brigade (215ème , 253ème et 343ème Régiment d’Infanterie) encadrée au Nord par le 7ème Corps et au Sud par la 44ème Division, a pour mission de se porter le 19 août dans la région Sud-Est de Mulhouse. Sa progression s’effectue par l’itinéraire : Bascwiller, Enschengen, Specchbach, Fröningen, carrefour au Nord de Zillisheim, Didenheim et Brunstadt. Le 19 août, à 5 heures, le 215ème commence sa marche en avant, ses 5ème et 6ème Bataillon en tête. Au débouché du village de Froningen, le 5ème Bataillon, faisant prisonnière une patrouille de uhlans, apprend que l'ennemi occupe les hauteurs de Brünstadt. En traversant la rue principale de Didenheim, les sapeurs du 215ème remarquent des fils qui sortent d'une boulangerie. Immédiatement ils défoncent les contrevents, fouillent l'immeuble et ne trouvent personne dans les appartements. Ils poursuivent leurs investigations dans la cave, là un individu était accroupi sur un poste téléphonique, ils bondissent sur lui et le conduisent au Général SARRADE. Sans cérémonial, il est jugé sur le champ, emmené en haut du village et fusillé. Cet homme transmettait, par téléphone, des renseignements sur les mouvements des trroupes françaises aux armées Allemandes. Au moment où il s'apprête à franchir le pont sur l'Ill, à la sortie de Didenheim, l'avant-garde est arrêté par une vive fusillade. Les 5ème et 6ème Bataillons, arrivés à Didenheim, s'entassent dans les 300 mètres qui séparent la sortie du village des bords de la rivière. Il fallait sortir de cette impasse et forcer le pont de l'Ill, le pont du canal du Rhône au Rhin, enlever Brünstadt et déloger l'ennemi de ses positions. Le Commandant DUCHESNE, le Capitaine NEVEU et deux sections de la 15ème Compagnie s'élancent bravement sous un feu terrible de mitrailleuses, mais ils tombent dans une véritable impasse, entourés de tous côtés par des réseaux épais de barbelés. DUICHESNE blessé, NEVEU tué, les deux sections de la 15ème Compagnie sont clouées au sol sans pouvoir ni avancer ni reculer. Vers 13 heures 30, les débris des deux sections cherchent à se replier et provoquent un feu violent de l'ennemi, néanmoins ils réussissent à traverser le pont en courant. Ce recul précipité provoqua chez les autres troupes un moment de panique qui ne fut enrayé que par la bravoure du Colonel GADEL qui stoïquement, debout sous le feu, fit déployer le drapeau par le Lieutenant DUTREY et sonner la charge. L'effet fut magique, les hommes se ressaisirent et réoccupèrent leurs positions. La nuit fut calme, les Allemands évacuèrent les hauteurs de Brünstadt rendues intenables par notre artillerie. Ce baptême du feu coûtait au régiment 193 officiers et hommes hors de combat, pertes supportées presque entièrement par le 5ème bataillon. Dès le début de l'offensive, le Service Sanitaire s'était installé dans l'église de Didenheim et le café situé à l'entrée du pont, c'est là que les blessés étaient soignés et pansés avant d'être dirigés sur les hôpitaux de Belfort. Le 20 août, les honneurs sont rendus à nos glorieux morts dans le cimetière de Didenheim. Sources :
Morts du 215ème RI à Didendeim (19 août 1914)
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Le 215ème RI
régiment de réserve d'Albi dans les Vosges L'époque qui s'étend jusqu'au 17 décembre 1914, est caractérisée par des patrouilles des engagements nombreux et l'attaque de la Tête de Faux. C'est dans le secteur de Bonhomme que le 21 septembre
le 215ème commencera la guerre de positions qui devait durer pour lui
si longtemps. Il est encadré d'abord par le 280ème à gauche et à droite
par le 256ème qui tient le secteur du Lac Blanc. Le secteur du Lac Blanc est particulièrement délicat en raison de son altitude et des observatoires qu'il contient, le ravitaillement est aussi difficile. Mais petit à petit le secteur s'organise, quelques ouvrages sont créés et deux tentatives de coups de mains Allemands sont facilement enrayées. Le 31 octobre, dans le but de soutenir l'attaque de la Tête du Violu par le groupe de Chasseurs Alpins, deux attaques furent combinées, l'une dans la vallée de la Bechine et en direction de la Verse et de Longtrait par la 18ème compagnie, l'autre en direction du Creux-d'Argent, par les 23ème et 24ème compagnies. Ces deux attaques parallèles, méthodiquement menées nous portaient malgré la fusillade ennemie dans la vallée de Bechine à deux kilomètres de nos lignes, à 800 mètres du village du Bonhomme et vers le Creux-d'Argent, nous permettaient d'occuper Hauteroche-Blancrupt. Jusqu'au 1er décembre, l'organisation se continue méthodique, défense contre les intempéries autant que contre l'ennemi car le mauvais temps a succédé aux beaux jours et les rafales de neige, le froid, rendent très dur le séjour en ligne et les travaux. Le 2 décembre , la nuit est très agitée : un vent violent souffle sans arrêt. Nous sommes alertés à 5 heures, et une demi-heure plus tard la 22ème Compagnie prend le chemin qui conduit au bois situé près de la ferme de la Veuve Didier au Sud de l'hôtel du Lac Blanc, pour appuyer l'attaque que doivent exécuter le 5ème Bataillon du 215ème et le 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins à la Tête de Faux et à la Tête de Grimaude. Cette opération a pour but d'enlever le massif de la Tête de Faux qui, situé à l'Est du Col du Bonhomme, forme pour l'ennemi un point d'appui important et un observatoire de tout premier ordre. La 22ème Compagnie arrive sur ses positions à la pointe du jour. Organisation de l'attaque :
L'attaque :
Le Groupe BOQUEL occupe à la
pointe du jour les tranchées et les redoutes de la croupe à l'Est de l'Immerling,
face à la Cote de Grimaude et aux Mérelles, avec mission de soutenir par
ses feux la marche du Groupe DUCHESNE, d'en couvrir le flanc droit et
d'établir la liaison avec le Groupe BAREILLES dont il couvre le flanc
gauche, sa section de mitrailleuses est également installée sur la lisière
du Bois d'Immerling. La mission du Groupe BAREILLES
consistait à prendre le contact sur le front Remomont - Creux d'Argent
- le Lait, et de le conserver. Le Groupe quittait ses avants postes à
8 heures et se portait en avant par Compagnies accolées. Le Groupe ARGENCE a pour mission
de coopérer avec les Chasseurs Alpins à l'attaque de la Tête de Faux en
se portant sur les pentes par la Verse. Cette Compagnie fournit également
la pointe d'avant-garde du groupe des Chasseurs Alpins. La 17ème Compagnie, en réserve au
Calvaire, a été employée au transport des matériaux. A la nuit elle est
sur la lisière du Bois d'Immerling où elle tient la ligne de résistance.
Le Lieutenant DUTREY, porte-drapeau est tué. Le 3 décembre, l'attaque reprit avec
le même courage. L'attaque de la Cote de Grimaude est reprise à la pointe
du jour. Préparé par le feu de l'artillerie, le mouvement se déclenche à 8 heures. Le Groupe FALGAS se porte en
avant, en partant de la clairière, par Compagnies accolées, la 19ème à
gauche , et longe les bois de la Tête de Faux. En débouchant sur le Col
du Collet, ces Compagnies subissent des pertes assez sérieuses, se portant
en avant par bonds successifs et atteignant les réseaux de fils de fer
des tranchées ennemies, elles sont arrêtées par des feux sur le flanc
gauche venant du Collet, et par des feux de front. A 8 heures également, le mouvement enveloppant des 17ème et 24ème Compagnies, préparé par les feux de l'artillerie, se déclenche par les pentes Sud et Sud-ouest de la Côte de Grimaude, dans des conditions aussi difficile que le précédent. La 17ème Compagnie tient la gauche du mouvement. Quoique battu de face par les défenseurs
de la crête, sur le flanc droit par un, feu d'infanterie et en arrière
par des pièces de gros calibre, le détachement gagne rapidement du terrain,
arrive au sommet de la Cote de Grimaude, atteint les tranchées ennemies
et franchit les réseaux de fil de fer. Vains efforts, vains sacrifices, devant
l'inclémence du temps, devant les menaces d'une contre-attaque furieuse,
le lieutenant O'BYRNE, la mort dans l'âme, reçut l'ordre de revenir sur
ses positions de départ pour éviter des pertes inutiles à sa poignée de
héros. Les positions conquises furent organisées les jours suivants et le 14 décembre, le 6ème bataillon relevé par le 229ème R.I. allait occuper le secteur de la rive droite de la Fave, le 5ème fut relevé le 16 décembre, mais resta au repos pour se reconstituer à Fraize, Vanifosse. Le commandant TREF du 39ème R.I.C. prit alors le commandement du régiment et ne tarde pas à faire justice de la calomnie qui tendait à imputer au 215ème l'échec de l'attaque de la Tête de Faux. L'Attaque de la Tête de Faux coûtera au 215ème , 96 tués pour la plupart mariés et pères de famille. Seront cités à l 'ordre de l'Armée :
Seront décorés Chevalier de la Légion d'Honneur :
Sources :
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Le 215ème Régiment d'Infanterie d'Albi au Chemin des Dames en juillet 1917 . D’Albi
aux Vosges Le 215ème
RI, régiment de réserve du 15ème Ri
est parti d’Albi le 14 août à 19h23 et le 15 août à 7h23. Les 2
bataillons débarquent à Belfort le 16 août après plus de 40 heures de
voyage en train. Les albigeois retrouvent là ceux qui vont devenir durant
de longs mois leurs camarades d’infortune, les Perpignanais du 253ème
et les Carcassonnais du 343ème. Ils vont constituer la 66ème
DI qui se dirige dès le 19 sur Mulhouse. Sur les 2253 hommes partis d’Albi
4 ou 5 jours plus tôt 36 seront tués et 157 blessés aux portes de Mulhouse.
Très rapidement la division va se replier sur le massif Vosgiens où Catalans, Tarnais et Carcassonnais vont rester
de septembre 1914 à juillet 1917. Des
Vosges au Chemin des Dames Les 25 et 26 juin, les bataillons sont relevés du front (Violu, Cude) et progressivement rejoignent la région de Belfort où ils avaient débarqué 3 ans plus tôt. Ils s’étaient habitués à ce massif Vosgien et ils sont tristes de laisser derrière eux les tombes des camarades qui sont tombés, mais aussi des amis et des compatriotes des autres régiments qui restent dans le secteur ? Savent ils qu’ils vont combattre au Chemin des Dames. Un secteur qui depuis 3 mois est particulièrement meurtrier au point que certains hommes se sont mutinés. Le 25 juillet, un mois après la relève du front le 215ème RI et le 253ème RI quittent définitivement les Vosges et après une vingtaine d’heures de train débarquent dans le département de l’Aisne à Mézy. La
montée au front (Chemin des Dames) Après avoir débarqué
du train à Mézy le 26, les bataillons du 215ème vont
cantonner à Epieds et Courpoil. Ils restent au repos sur ces lieux la
jour née du 27 et le 28 entre 7h30 et 9h30 ils quittent ces cantonnements
en TM (véhicules de transport de matériel) . 2 heures plus tard ils débarquent à Bazoches .
Reconnaissance
du secteur Arrivés à minuit et
demi au cantonnement, une reconnaissance repart à 3h de Longueval pour
aller reconnaître le nouveau secteur à l’est de Cerny. Secteur tenu par
les Corses du 344ème RI que le 215ème
est chargé de relever. A peine le temps de faire connaissance avec leurs homologues du 344ème RI qui les attendaient avec impatience et voici que l’ennemi attaque violemment. Après les bombardements intensifs des jours précédents, le secteur est plutôt calme. Mais à 13h00 l’artillerie allemande se déchaîne une nouvelle fois. Après 10 minutes d’intense bombardement, les allemands font irruption par le boyau de l’Yser qui longe le tunnel et se répandent dans les 2 quartiers H et K. Les 2 bataillons du 344RI sont enfoncés et l’ennemi encercle même les PC des chefs de bataillon (PC Adam et PC Frise) qui s’empressent de bruler les papiers. La contre attaque s’organise. Les allemands sont rejetés jusqu’aux tranchées Brahms et Dresde et refoulés dans le tunnel où ils se réfugient, les français leur bloquant la sortie sud. L’état major du 3ème corps d’armée avait connaissance de cette attaque allemande dont le but était d’arriver au Chemin des Dames et de prendre les observatoire de la crête 191.9 pour avoir des vues sur le plateau Troyon Paissy et sur le ravin de Troyon et de reprendre les abris de la position Siegfred. Les bataillons allemands qui ont attaqué étaient au repos depuis une huitaine de jours à Veslud et Parfrondu et avaient répété l’attaque sur un terrain au nord de Veslud (une quinzaine de km au NE de Cerny). Lors de cette attaque du 31 juillet le 344ème RI aura 16 tués, 53 blessés et 814 disparus, la plupart. Le 215ème RI pour son baptême du feu au Chemin des Dames comptera pour cette seule attaque 25 disparus sur la trentaine que comptait la reconnaissance, tous officiers, sous-officiers ou caporaux, hormis 2 soldats de 2ème classe.
Arrivée
du 215ème au front 22 heures (31 juillet) le 5ème bataillon du 215ème quitte ses cantonnements de Longueval pour les Creutes Marocaines où il arrive à minuit. Aussitôt il se porte sur le ravin de Troyon qui est menacé, où il arrive à 3 heures. A 11 heures le 1er
août les 17ème et 18ème Cie prennent position sur
le boyau de Béthune. La relève se fait
dans des conditions particulièrement difficiles : Au petit matin : Dans la nuit un ordre d’attaque arrive pour le 6ème bataillon (attaque prévue à 7h30). Vu les conditions de la relève le colonel demande le report de l’heure H. demande qui lui est accordée. A 8h55 après un court
mais violent bombardement, l’ennemi fait irruption sur tout le front de
la tranchée de Dresde. Six sections du bataillon disparaissent, soit la
moitié de son effectif. A 11h00 et 14h30 deux autres tentatives ennemies sur la tranchée de Brahms seront aussi refoulées. Ce n’est que dans la nuit (du 2 au 3 août) que les troupes pourront commencer à s’organiser. Pendant cette première
journée sur le front de l’Aisne, le 215ème RI aura eu :
Les
jours suivants Le 3 août à 8h30 le
5ème bataillon est relevé par le 4ème et va aux
abris de la tranchée de l’Adour. Dans la journée plusieurs attaques ennemies
seront contenues. Dans la nuit du 9 au 10, le régiment est relevé et va cantonner aux Creutes Marocaines (B4) et à Oeuilly (B5 et B6). Du 20 août au 20 septembre le régiment sera aux repos à Beuvardes (au nord-est de Château Thierry), puis il reviendra au Chemin des Dames , le secteur étant beaucoup plus calme, jusqu’en octobre où il retournera au repos. Ce seront ensuite les batailles de 1918 dans l’Oise et la Champagne avant sa dissolution en septembre 1918. Des 3 régiments de
réservistes composant la 66ème division en 1914 : Soldats
du 215RI tués au Chemin des Dames entre le 31 juillet et le 3 août 1917
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