CORPS    FRANC   DU   SIDOBRE 
 

 


Cérémonie d’inauguration du pupitre

en l’honneur du Capitaine Jacques LAMON 1944

négociateur de la reddition de la Garnison allemande août 1944

 

Mardi 19 août 2014

 

 

Allocution  du Président du Souvenir Français et des Amis du Corps Franc du Sidobre

 

 

         Nous sommes, aujourd’hui, réunis pour rendre hommage à l’officier qui, en 1944, a négocié avec finesse et efficacité la reddition de l’armée allemande présente à Castres.

         Il s’appelait LAMON Jacques, et était Capitaine d’Artillerie.

 

         Afin que son action soit à jamais gardée dans la mémoire de la ville de Castres et de ses habitants, les Amis du Corps Franc du Sidobre et le Comité de Castres du Souvenir Français, ont demandé et obtenu de Monsieur le Maire Pascal Bugis, qu’un boulevard porte son nom. Ainsi le tronçon de la rocade sud, qui commence au Siala porte désormais le nom de « Capitaine Jacques Lamon 1944 ». Pour que chacun puisse le connaître nous allons dévoiler une stèle qui le représente et rappelle son action.

 

         Je vais demander aux enfants de Jacques Lamon de bien vouloir se placer près de la  stèle.

 

         Monsieur le Général Lamon va maintenant pouvoir découvrir la stèle.

 

 

 

         Jacques LAMON est né le 19 mars 1901 dans le Gers, à Montégut-Arros. Il avait une sœur ainée qui prendra soin de lui lorsque le destin le privera de ses parents. A 20 ans, le 1er Avril 1921, est appelé pour effectuer son service militaire, au 117° Regt d’Artillerie Lourde. Bon soldat il sera nommé Brigadier 10 mois plus tard, et rendu à la vie civile le 30 mai 1923. Le service était alors de 2 ans. Maréchal des logis depuis sa libération, il décide de s’engager en novembre 1923. Il est affecté d’abord au 130° RAL puis au 24° RAC. Le 10 mars 1928, il est admis dans le corps des Sous-officiers de Carrière. En octobre de l’année suivante, en 1929, il intègre l’Ecole militaire d’Artillerie de Poitiers. Il en sort officier, avec l’épaulette de sous-lieutenant pour rejoindre le 41° Rgt d’Artillerie en août 1931. Promu lieutenant l’année suivante, le 1/10/1932, il est affecté à l’Ecole d’Application de Fontainebleau pour servir à l’Etat Major particulier de l’Artillerie. Outre  sa mission, il peut y suivre le cours des instructeurs d’équitation avant d’être muté au 115°RALH stationné à Castres, à compter du 1/10/1935. Il y sera promu au grade de Capitaine fin décembre 1937.

 

         A la mobilisation, en août 1939, il est versé au 116°RALH, Régiment que mets sur pieds le 115°RALH. Il prend le commandement de la 2° Batterie le 2 novembre 1939. Sa guerre, comme pour tous les soldats du 116°sera courte, puisqu’il est fait prisonnier dans l’est de la France le 22 juin 1940. Le 2 juillet 40, il s’évade, et rejoint le Tarn où il est affecté au 15 RA pour prendre le poste de commandant du Centre de passage. Un mois plus tard, Il va prendre le commandement du dépôt des chevaux de Sète, avant de rejoindre le 3°Rgt de Dragons de Castres, où il lui est confié le commandement du1er escadron pour 5 mois jusqu’au 28 avril 1941.

         En novembre 1942, en application des directives allemandes, il est démobilisé, et se retire à la villa des Tilleuls rue Théron Périé.

         Il participe alors aux réunions de l’Armée Secrète, sous le nom de « Dumoulin », et le 6 juin 1944 est nommé par le commandant régional des FFI : le colonel Redon alias « Durenque », à la tête du Corps Franc du Sidobre, mis sur pieds par le Lieutenant Couderc, un de ses anciens sous-officiers du 3°RD. 10 jours plus tard, le 15 juin, est nommé chef militaire du secteur de Castres.

 

         Le 20 août 1944 il fait prisonnier la garnison allemande de Castres, sans effusion de sang.

         Je laisse maintenant le Capitaine Lamon nous conter lui-même cette affaire :

         « Un rapport verbal que m’avait fait le 19 août un de mes anciens sous-officiers : l’adjudant Lejeune, m’avait permis de conclure que le moment était venu de tenter ce que je recherchais depuis longtemps : la libération de Castres et la capture des allemands.

         C’est l’adjudant Lejeune qui a fait parvenir mon ultimatum au Commandant local allemand, en l’occurrence, au Cne März chef d’état-major du Col. Machts.

         Commencées à 22 heures les négociations se sont poursuivies jusqu’à une heure avancée de la nuit, elles ont été laborieuses et souvent sur le point d’échouer.

          A 3 heures du matin, je pouvais envoyer le message suivant :      Cne Dumoulin à Cdt Hugues.                        J’ai l’honneur de vous rendre-compte de ce que je viens de négocier, au cours de cette nuit, sous réserve de votre agrément, avec le Cne März et avec son chef le Col Machts, la reddition de toutes les troupes allemandes qui se trouvent dans notre zone et plus particulièrement de Castres. »

         1/Les hommes seront désarmés dans les quartiers et à l’arsenal par leurs officiers ; ils seront ensuite conduits en ordre par leurs chefs :

-          les allemands au terrain de sport de Bonafé où les dénombrerons et les garderons,

-          Les autres, au terrain de sport de Péraudel où nous les garderons également.

2/ Les armes, les munitions, le matériel, les vivres et les réserves nous seront livrés intacts.

3/ Les officiers seront prisonniers sur parole, mais e pourront pas quitter Castres. Il en sera de même pour le personnel féminin allemand et pour 10 soldats d’ordonnance. Le colonel m’a prié de laisser aux officiers leur pistolet après la reddition totale de la place. En principe je n’y suis pas opposé, mais naturellement à titre symbolique et sans cartouche. Les officiers paraissent craindre la résistance de certains sous-ordres à ce désarmement.

                   Je ne dispose que d’un personnel très restreint, et il faut aller vite pour que mon bluff ne soit pas découvert et pour éviter toute surprise.

                   En conséquence, et afin de perdre le moins de temps possible, j’adresse à l’escadron Coudert, l’ordre de porter immédiatement en camion à hauteur du Siala où j’irai le trouver et à toutes les autres unités de la zone, celui de ne pas approcher à plus de 10 km de Castres.

                   J’établis mon P.C. à Péraudel où je vous attends d’urgence. Le porteur du compte-rendu a pour vous un laissez-passer du commandant allemand.

                   Ce compte-rendu est secret, son porteur a l’ordre de le détruire par tous les moyens, en cas de surprise.                VIVE LA France

 

PS Il me parait nécessaire d’informer l’aviation, immédiatement afin d’éviter toute méprise.

        

                   Le Cdt de Segonzac reçoit le message au petit matin, sur les lieux de la capture du train allemand. Il se rend donc à Castres, et après avoir pris le temps d’apprécier un bon bain dans la salle d’eau de la Métairie neuve, et avoir fait attendre longuement les officiers allemands, il ouvre la deuxième phase des négociations qui vont durer de longues heures et déboucher sur la signature de l’accord.

 

         Je donne la parole au Cdt Dunoyer de Segonzac alias « Hugues » :        « vers 19 heures ils acceptent de capituler. Aussitôt après, je me rends sur la demande du Colonel Allemand avec M. Houpe, président du Comité de Libération et futur Maire deCastres, au « Grand Hôtel » où sont rassemblés tous les officiers allemands, presqu’une centaine.        Dans un bref exposé, je tente de convaincre les officiers de l’inutilité que présente une résistance, n’hésitant pas à prétendre que la ville était désormais encerclée par de nombreuses troupes alliées, puissamment armées. Puis d’une fenêtre je harangue la foule de plus en plus excitée. »

 

         C’est une page de l’histoire de Castres qui vient de se tourner.

        

         Le capitaine Lamon, promu au grade de Commandant FFI le 22 août 44, est nommé commandant d’armes de la Pla ce de Castres et chef de la zone A du Tarn puis Directeur de l’Ecole des Cadres d’officiers FFI de Castres.

         Il est promu Chef d’escadron à titre temporaire le 25 décembre 1944, puis à titre définitif pour prendre rang à cette date le 1/9/1945.

         Réintégré dans l’Artillerie, il participe sous les ordres du Colonel de Woillement à la création du 24eme Rgt d’Artillerie de la 36°DI. Le 15 mai 1945 il prend le commandement du 3° groupe d’Artillerie du 24°RA.

         Ce régiment participe alors à l’occupation de la frontière Franco-italienne dans le Val d’Aoste, puis en octobre 1945 participe à l’occupation du pays de Bade en Allemagne.

         Le Chef d’escadron Lamon est affecté à partir de février 1946 à la subdivision de Toulouse jusqu’à son admission à le retraite par limite d’age le 19 juin 1953.

         Affecté dans la Réserve, il effectue des périodes, dont certaines en Allemagne dans le secteur de Fribourg. Il est promu au grade de Lieutenent-colonel le 1 septembre 1954.

 

         Le 27 juillet 1956 il est rappelé sous les drapeaux pour servir dans les formations auxillaires des Forces Françaises en Allemagne jusqu’à son départ définitif le 1er juillet 1959. Toutefois il est maintenu dans les cadres de Réserve jusqu’en mars 1962.

 

         Il s’éteint dans sa 79eme année à l’issue de la cérémonie du 11 novembre 1979 au monument de Montégut.

         Jacque Lamon avait épousé le 3 décembre 1937, Geneviève Desplats, la fille d’un riche industriel de Castres, propriètaire de la Métairie neuve de Péraudel, et dont un des fils : Jacques, officier de cavalerie à donné son nom à une rue de Castres pour sa brillante conduite lors de la bataille des ponts sur la Loire mené par l’Ecole de Saumur en 1940. Jacques et Geneviève Lamon ont eu 6 enfants, 3 filles et 3 garçons, qui ont été nombreux à servir la France sous l’uniforme.

 

         Jacques Lamon avait été l’objet de plusieurs citations ou témoignages de satisfaction. Il était décoré de la croix de guerre avec palme, de la médaille de la Résistance, de la médailel des Evadés. Le Président de la République l’avait fait Chevalier de la Légion d’Honneur en octobre 1947, puis officier en 1959.

 

         Je terminerai en reprenant la citation à l’ordre de l’armée qui avait reçu pour son action à Castres :

 

«Résistant dès 1940, a fait preuve dans la clandestinité d’un courage remarquable et de réelles qualités de chef, après avoir mis sur pied un Corps Franc, a pris le 20/8/1944 les mesures judicieuses qui ont eu pour résultat l’isolement des trouspes ennemies en garnison à Castres. Est parvenu, grace à son autorité, à imposer la reddition de 4000 allemands dont 88 officiers, entérinant la livraison d’un armementt et d’un matériel importants. 

«  Libérant ainsi la ville de Castres en annihilant une colonne importante, a contribué puissament au succés des combats dans la région.

«  Patriote ardent, a bien servi la cause de la Résistance. »

                                                                                     Christian Pourcel








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