MONTAULIEU (Aude)
(8 juin 1944)


Situation : Les forces alliées ont débarqué le 6 juin en Normandie et des appels ont été entendus à la Radio demandant aux jeunes gens de rejoindre immédiatement le maquis pour se soustraire à une éventuelle réquisition allemande et pour se préparer à l'insurrection nationale sensée participer à la libération du pays.

Les volontaires affluent en masse au carrefour du Triby sur le chemin du Pic de Nore, où se trouvent une maison forestière et un refuge où vont se dérouler les opérations d'incorporation.

De 500 hommes, chiffre initialement retenu, les effectifs dépassent rapidement les 600 qu'on habille avec les tenues bleu marine récupérées à Toulouse et à qui on attribue immédiatement une arme : mitraillette, fusil français ou Remington.

Les armes commencent à manquer pour de nouveaux arrivants qui continuent à déferler certains arrivant sur des véhicules peu communs :camion d'ordures ménagères de Castres, camionnette rouge des pompiers de Labruguière, camion tout vert dezs Eaux et orêts…. C'est ridicule et magnifique à la fois !

Le brouillard est épais ; il fait froid et tout ce monde se répartit autour du Pic de Nore, bivouaquant dans de vieilles masures rafistolées (Lagoutine), des huttes de branchages, des toiles de tente, sous les camions ….

Immédiatement les engagés commencent à recevoir les rudiments d'instruction militaire et de maniement d'armes car la plupart des jeunes n'a pas fait de service militaire.

Opération : Le commandement du CFMN s'inquiète des résultats qu'aurait une attaque rapide des Allemands sur cette troupe encore mal organisé et mal entraînée. Il place des postes de garde avancés sur tous les chemins qui mènent au camp.

Pour faire impression sur l'ennemi et remplir une des missions que lui a donné l'Etat-Major Interallié, il décide une opération de provocation : Les escadrons déjà opérationnels de Jourdain et de M., stationnés à Laprade (Aude) reçoivent l'ordre d'occuper Montaulieu, un gros bourg de 1000 habitants situé à 8 kilomètres seulement de la Nationale 113 qui relie Toulouse à Carcassonne.

A 13 heures le capitaine de Kervanoaël, à la tête de 120 hommes en uniforme bleu marine et en armes, défile dans les rues et fait occuper la poste et la mairie. Des postes de garde sont placés sur toutes les routes . L'allégresse de la population est incroyable.

A 14 heures l'autobus de Carcassonne pour Mazamet fait halte avec quelques civils et deux soldats allemands complètement ahuris par ce qui se passe. Mitraillette à l'appui, ils sont invités à descendre : ce sont les deux premiers prisonniers du Corps Franc de la Montagne Noire.

Les jeunes gens affluent et veulent s'engager en masse. Le lieutenant M. en a déjà 23 quand il est arrêté dans son élan par le Commandant.

A 19 heures rassemblement devant le monument aux morts, minute de silence et Marseillaise. Les gens applaudissent, des femmes pleurent….

A 20 heures les maquisard embarquent dans leurs camions et repartent vers leur cantonnement.