Extrait du Journal de Marche (2° Escadron )

COMBAT DES MARTYS

le 12 Juin 1944


 

Lundi 12 Juin :
3 heures
 : Réveil, il y a alerte. Une colonne Allemande a campé hier soir à quelques kilomètres de Mazamet sur la route menant à Carcassonne. Il s’agit d’aller lui tendre une embuscade, au petit jour, sur l’itinéraire qu’elle doit emprunter.

4 heures : Départ de l’escadron Jourdain en direction de la ferme de la Gachale où doit avoir lieu le regroupement des unités du Corps Franc de la Montagne Noire. Il pleut, les hommes à la file indienne progressent en silence vers le lieu de rassemblement.

6 heures 30 : Arrivée sur les positions. Le Lieutenant Jourdain fait la reconnaissance de terrain avec le Commandant Henri Sévenet. Le 2° Escadron doit occuper l’aile gauche du dispositif. Au moment de prendre les positions, un commandement allemand retentit. Installation des groupes de combat et missions données à la hâte et verbalement. Le peloton Marcel est mis à la disposition du Lieutenant Jourdain.

Des coups de feu claquent. Une trentaine d’officiers allemands débouchent sur la route en direction de Carcassonne. Ils sont à pied, bien groupés et ils discutent. Quelques-uns ont des cartes d’Etat-major à la main. Le tireur au Fusil-mitrailleur qui a pour mission l’interdiction de la route n’étant pas très expérimenté et l’objectif étant trop précieux, le lieutenant Jourdain s’empare de l’arme et en quelques rafales rapides écrase le groupe. Quatre à cinq hommes seulement parviennent par un mouvement de reptation jusqu’au fossé d’où ils ne sortiront plus. Les autres restent étendus, probablement sans vie.

Le maréchal des logis Marc Schmidt reprend possession de l’arme et empêche toute progression de face.

La réaction de l’ennemi ne se fait pas attendre, la riposte est violente. La mitrailleuse du peloton Wolf, servie par le cavalier Langenfeld, tire sans arrêt.

Les tireurs à la mitraillette ont reçu pour le moment l’ordre de rester allongés derrière le parapet de tir formé par le talus bordant le chemin creux. Le maréchal des logis Mercier, très calme, encourage ses hommes qui se trouvent un peu surpris par la précision du tir de l’ennemi. De plus c’est le baptême du feu pour presque tous les hommes présents. Les allemands sortent de partout. Ils tentent une progression et amorcent une attaque de face et de flanc vers les positions tenues par les maquisards mais ceux-ci se défendent superbement évitant un encerclement amorcé sur la gauche où Jourdain a eu soin de détacher deux groupes de combat du peloton Marcel.. La bataille fait rage ; le feu des Allemands est violent et nourri mais l’Escadron a l’avantage de la position. L’ennemi après une heure de combat n’a pas gagné un mètre de terrain. Sa supériorité numérique et matérielle est pourtant écrasante.

A 8heures 30, le lieutenant Jourdain reçoit l’ordre de décrocher.

La résistance a duré près deux heures. L’Escadron se retire le dernier car il doit assurer le repli des autres unités. Jourdain fait replier la mitrailleuse du peloton Wolff que son chef avait simplement oublié de prévenir. L’escadron se met en mouvement sous lefeu implacable des armes automatiques allemandes. Une patrouille d’arrière garde protège la marche de l’unité. Les mortiers allemands entrent en jeu et engagent un tir de harcèlement mais il est trop tard.

A 10 heures 30, l’Escadron Jourdain arrive au camp de Laprade, au pas cadencé. Pas u seul homme ne manque à l’appel et pas un seul bléssé n’est à déplorer.

L’ennemi a eu plus de cinquante morts dont certainement plus de vingt-cinq officiers.

Sont proposés pour une citation : Lieutenant Jourdain, Sous lieutenant Mauran, M.D.L. Schmitt, Cavalier Langenfeld.